Je vous mets ici le texte que j’ai écrit à propos de mon père


Mon père et moi. (on dirait le titre d’un livre)

Il y a une zone grise. Une zone où les choses ne sont ni terribles ni géniales. Une zone du milieu qui met mal à l’aise. Mal à l’aise parce que non seulement vous avez du mal à l’expliquer aux gens mais surtout vous n’arrivez pas à l’expliquer à vous-mêmes. Pourquoi vous allez mal, pourquoi vous sentez cette rage parcourir vos veines. Cette zone grise n’est pas visible. Ce n’est pas une marque sur le visage, ce n’est pas flagrant, elle n’est pas écrite ni sonore, on ne peut pas mettre le doigt dessus. Cet endroit est psychologique. Je ne sais pas si ça fait écho en vous, mais cette zone correspond à une relation qu’on peut avoir avec quelqu’un ou avec soi-même. Je déteste cette zone plus que je déteste ma relation avec mon père. Je déteste le fait d’avoir mis tellement de temps à comprendre, je déteste le fait que personne ne m’ait aidé plus tôt à analyser la situation, à mettre le doigt dessus. Mon frère et ma mère m’ont beaucoup soulagé c’est vrai, mais il me semble qu’ils avançaient dans la même grisaille, voire plus encore. Par ailleurs, je ne déteste pas mon père. Comment le pourrais-je ? Il n'a jamais été violent, ne s’est jamais énervé. Il souffrait d’une boulimie extrême, ça vous le savez, et d’autres maux plus intimes sur lesquels je ne vais pas m’étendre. Quand j’y pense, ça a du être horrible pour lui tout ça. Son enfance, son succès, sa santé mentale. Mais c’est son histoire. Mon empathie est limitée à ce niveau-là. Ce n’est pas du désamour, c’est de la protection. Vous avez déjà aimé quelqu’un qui ne s’aime pas lui-même ? C’est une place très désagréable. Ma place était celle d’un jeune garçon qui a grandi avec quelqu’un de pas du tout fini. Mon père est quelqu’un de très malin et dont les goûts les plus simples sont les meilleures choses qu’ils m’ait transmises : le rock, le foot, les vannes. C’est déjà ça me direz-vous. Je suis d’accord et d’ailleurs je lui serai toujours reconnaissant pour ça. Mais un père ce n’est pas que ça. Un père, c’est un accompagnement psychologique, un investissement unique, qui n’a rien à voir avec l’argent (il en avait beaucoup) et au star system (la famille la plus hypocrite qui soit). Ainsi, j’acceptais l’argent qu’il me filait étant ado puis ensuite je n’ai plus voulu de ses billets, il m’en a dégouté. J’ai voulu marquer une rupture. C’était trop facile d’une part, et trop superficiel de l’autre. J’écris maintenant ça sans haine ni reproche mais avec un peu de peine. Probablement grâce à ce que vous connaissez de moi, la famille que j’ai fondée et mon histoire sur Youtube avec David. Ces vecteurs m’ont emmené ailleurs, loin de la haine, et cette sérénité est tout à fait récente. Elle n’est d’ailleurs pas encore totale et ne le sera probablement jamais. Toutes les piques et références dans les vidéos sont on ne peut plus sincères, car en vérité j’aurais aimé que mon père, qui a de super qualités, soit plus présent, plus sincère, plus simple et surtout qu’est-ce que j’aurais adoré des conseils concrets sur… la vie. Maintenant qu’on a parlé pendant des heures, je comprends, je n’excuse pas et j’essaie de me concentrer sur la tendresse qui est bien là, comme de l’eau sous le sable.

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