bodyy · @bodyy
20th Dec 2022 from TwitLonger
2 ans dans mes baskets, j’avais besoin d’en parler.
Bonjour à tous, j’écris ce message à cœur ouvert aujourd’hui, pour vous expliquer comment j’en suis arrivé à ne pas prendre part au dernier tournoi (Relegation ECL). Ça va faire beaucoup de mots.
Je ne suis pas la personne la plus expressive ou la
plus démonstrative de ses sentiments, c’est dur pour moi d’écrire tout ça, mais c’est devenu indispensable.
Ce n’est pas par manque d’intérêt pour le tournoi, comme j’ai pu le lire, ou pour vivre ma meilleure vie que j’ai été absent aux derniers matchs mais pour essayer de retrouver un équilibre de vie. J’avais honte ou peur de le formaliser, d’en parler même à mes teammates, mais accepter que ma santé mentale est au plus bas, et prendre une décision en adéquation.
Ça fait maintenant 2 ans que j’ai commencé le projet DBL, en fin d’année 2020 je me séparais de LDLC pour tenter une nouvelle expérience en tant qu’IGL, motivé par le grind et reprendre ma carrière là où elle avait été mise en suspens après mon bench de chez G2.
Beaucoup de responsabilités, beaucoup de temps à transmettre le plus de connaissances possible à mes teammates, tout en apprenant moi-même à lead, sans support financier, sans coach et sans analyste jusqu’à fin 2021 en incluant des changements de joueurs (Jackz, NBK, Ex3, nono2k…). Ces efforts m’ont montré à quel point je n’étais pas si loin de trouver la bonne formule, parce qu’à chaque fois qu’on se retrouvait dans la cours des grands, il ne nous manquait pas grand chose, si ce n’est de l’expérience à tous niveaux. Les Flashpoint où on fait quelques oneshot, comme battre Vita, accrocher Astra, BIG, ou encore le RMR de Stockholm, où on est à 3 rounds de se qualifier au major en battant FaZe…
Tout ces tournants de l’équipe qui auraient pu créer une histoire encore plus belle, se sont finalement transformés en une obsession pour moi, quelque chose d’évident et d’inévitable, un truc que je devais accomplir à tout prix, quitte à y laisser des plumes. Pour ceux qui me connaissent, mon but est de rejouer des majors, la Pro League, et d’avoir les armes pour me battre.
Spoiler, j’y ai laissé des plumes et une bonne partie de ma santé mentale.
Pour rajouter du contexte, en milieu d’année, une équipe française de renom me propose de rejoindre l’équipe, le deal ne va pas jusqu’au bout, mais j’me dis que ce qu’on est entrain de réaliser avec l’équipe paye. Puis une autre équipe française avec de gros noms me propose de rejoindre leur projet, que je décline, deux projets avec de très grosses possibilités financières, quand j’ai pas touché un salaire depuis presque 2ans pour pouvoir remonter des équipes avec mes potes et grind avec eux. J’ai toujours eu envie depuis que je ne suis plus chez G2 de redonner d’une certaine manière la chance qui m’a été donnée, mais cette fois-ci aux autres.
Fin 2021, encore une grosse proposition ; cette fois-ci de l’autre côté de l’Atlantique. Une équipe NA m’offre de jouer avec les grosses pointures de leur scène, avec des moyens encore plus gros. Je crois en DBL et je remercie toutes ces équipes pour leur intérêt, je ressens de la fatigue mais on avance, pas le droit de s’arrêter de grind.
Début 2022, signature chez HEET, matHEND passe full time avec nous, un gros soulagement et la réalisation d’une promesse que j’avais faite à djoko et afro de trouver une structure rapidement, mais 8 mois trop tard.
Beaucoup d’efforts, on gagne notre premier tournoi en ligne, beaucoup de stress à l’annonce des qualifs mais du premier coup on se retrouve au RMR du major d’Anvers. Vous savez tous comment ça finit, 1-0 sur D2 contre Astralis, 14-11 sur la deuxième, on n’arrive pas à la conclure et on revit le même scénario qu’au dernier RMR, un force-buy de trop, un mauvais call et ça passe pas contre ces équipes-là.
Encore une fois, mon obsession pour ce foutu major ne fait que grandir, nouvelle proposition d’une équipe que j’ai cité plus haut, pas question de laisser mon équipe après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps ce jour-là.
Je peux continuer comme ça jusqu’à la fin de cette année mais après le RMR de Rio, j’me suis vraiment rendu compte que j’avais mis tout ce que j’avais dans CS. Pas le moindre temps mort, même pendant le player break d’été où les qualifs RMR ont été annoncés en plein milieu, où on a du couper une semaine de vacances, tout refaire avec Jacky. J’arrive toujours pas à le formaliser à ce moment là, mais en faisant la rétrospective de ces deux années, à ce moment là j’avais de sérieux doutes quant à ma santé mentale.
Après le RMR, j’ai décidé de prendre mes billets pour le Japon, ma copine fait ses études là-bas, et c’est le meilleur moyen pour moi de déconnecter, sachant que je la verrai probablement qu’une fois en 11 mois. Je donne tout ce que j’ai pour finir l’année de la meilleure des manières mais mon humeur, mon envie, le plaisir que je prenais à jouer sont très durs à trouver tous les jours. Je deviens négatif, même avec mes proches, très rapidement tilt quand ça ne se passe pas comme je le voudrais, et le niveau de l’équipe en pâtit.
On perd en ESL Challenger League, on se retrouve en Relégations, dates qui coïncident avec les dates de mon vol, et qui n’ont jamais été annoncées, moins 1 semaine avant le tournoi.
Je dois prendre la meilleure décision, et je considère que pour ne pas aggraver mon cas et pour une fois prendre en compte ce qu’il y a de mieux pour moi et revenir en forme pour l’année prochaine, il me faut du temps pour accepter et me reposer.
Lucky accepte de nous aider (encore merci, même si maintenant on sait qu’on est pas qualifié, il a tout fait pour que ça se passe au mieux), je reste avec eux pendant tous les praccs et les strattimes pour expliquer mes rôles à ceux qui les prennent et que ça se passe au mieux. Le lead est délégué, et l’entraînement se passe bien. L’équipe a fait de son mieux et je les remercie d’avoir été aussi compréhensifs, de même que le staff HEET qui m’a, qui nous a, soutenu là-dedans et tout au long de l’année. J’ai pas voulu prendre de break en plein milieu de saison, mais c’était une obligation pour moi à ce moment là.
Je pars au Japon pour les fêtes de fin d’année avec un sentiment de culpabilité, mais aussi soulagé parce que je vais enfin pouvoir process et évacuer ce gros point noir de ma vie.
Les gars, ne faites pas l’erreur comme moi de sous-estimer votre santé mentale jusqu’à quasiment toucher le fond. Je me sens toujours aussi leader qu’avant, j’ai envie de tout gagner et je compte sur ce break pour me sortir de cette phase pénible.
Merci d’avoir pris le temps de lire, merci pour le soutien tout au long de l’année, mon nouvel objectif est le major de Paris tout en gardant les pieds sur Terre.