À propos d'un certain sujet


Je n’ai pas envie de revenir sur mon expérience à moi façon témoignage. J’ai fait le début de ma carrière chez mad, j’y ai beaucoup appris, et j’y ai fait des rencontres importantes pour le début du chapitre suivant de ma vie professionnelle, j’ai rencontré des femmes formidables parmi mes collègues, dont une de mes meilleures amies. Mon but n’est pas de cracher dans la soupe : je suis en paix. Drapeau blanc tout ça.

J’ai compris les erreurs que j’avais faites, j’ai compris les dysfonctionnements dans le management*, ce qui, par le biais d’un vase communiquant, m’a amenée à ne “”””pas être très très en forme”””” sur la fin de mon expérience là-bas (savoir qu’on va quitter ce qui a été notre travail, notre quotidien, notre cercle d’amis, notre cercle social et, finalement, le seul endroit qui compte n’est pas chose facile quand on n’est pas armée. Faire de mon travail la seule chose qui comptait pendant près de 4 ans a été ma première grosse erreur : faut jamais faire ça. J’ai eu la chance d’être épaulée dans ce “sevrage” par ma famille, le très chouette homme qui partageait ma vie à l’époque et des amis de longue date (et bravo à eux, parce que j’étais pas facile à vivre), mais je sais que tout le monde ne peut pas prétendre à ce soutien, alors autant se protéger de ça en amont).

(*les dysfonctionnements de l’époque, en tout cas. C’était il y a fort fort longtemps, de 2011 à 2015, et je ne connais absolument pas les conditions de travail aujourd’hui.)

Toutefois, ce n’est pas une fatalité : je peux témoigner avoir vu des collègues partir de manière plus sereine. Et j’en ai vu, également, partir dans des conditions pires que moi. J’apporte par la présente mon soutien à mes anciennes collègues qui ont témoigné publiquement, avec leurs noms (je leur ai déjà envoyé mon soutien en MP, mais il m’importait de le dire aussi publiquement). Je crois à leurs témoignages. J’ai vu certaines des choses qu’elles y racontent (pas tout, car personne n’est omniscient, mais j’ai vu certaines des choses qu’elles ont vécues), j’en ai moi-même vécu. Nous ne sommes plus en contact, mais je les ai lues, et il me paraissait insupportable de laisser des inconnu•e•s contester leurs témoignages (ou des types en profiter pour dire “toussa c la phott du féminiss”)

Je tenais donc à profiter de l'occasion pour 1) leur apporter mon soutien et 2) revenir sur des trucs importants, dans le monde du travail actuel tout entier.

De manière générale, dans bon nombre de rédactions, il y a tout un taf sur les conditions de travail qui doit être fait. Généralement, partout, et surtout sur Internet. On a trop d’écho, dans le milieu, de salariés en burn-out, de salariat déguisé, de pratiques limites légales, de salaires très bas etc. Respectez vos salariés. Vos stagiaires. Vos services civiques. Vos freelances. Faites des formations de management quand vous voulez manager : s'il y a une chose qui n'est pas innée, c'est bien celle-ci.
De nature optimiste, je crois viscéralement à la nature perfectible des hommes et des femmes. Il est encore temps de faire les choses bien.

Et pour que ces expériences n’aient pas servi à rien, j’ai eu envie de lister les conseils que j’aurais aimé avoir quand j’avais 23 ans, et que je signais pour la première fois pour un contrat à temps plein (il y a des choses qui sont inspirées de mon expérience dans le magazine, il y a des choses qui sont inspirées d’expériences d’autres personnes lors de leur premier job post-études. Vous amusez pas à essayer de deviner ce qui est à moi et ce qui est à d’autres : ce n’est vraiment pas le propos) :

- N’acceptez pas de travailler dans des conditions indignes (salaires ridicules, heures sup dingo non payées, etc…). Déjà, parce que vous méritez mieux, mais aussi parce que vos confrères et consoeurs méritent mieux : si tout le monde accepte de travailler dans ces conditions, alors personne ne sera respecté. Le poisson se mordra la queue et les conditions de travail, généralement, se détérioreront jusqu’à plus soif. Et c’est pas ça qu’on veut. Je ne dis pas ça pour vous faire culpabiliser si vous acceptez. Mais renseignez-vous sur les fourchettes salariales en vigueur dans votre profession pour voir ce qui est ok, et discutez-en avec vos boss au moment de l’embauche, ou pendant des rdv lors de votre contrat. Qui ne tente rien n’a rien, tout ça.

- Ne vivez pas pour votre travail. C’est une idée très romantique, que la femme ou l’homme qui ne compte pas ses heures et travaille sans compter. Mais vraiment, VRAIMENT, c’est important de profiter de ses amis, de sa famille, de ses passions, d’avoir des projets annexes, qui détendent, qui permettent de s’évader, ou de préparer la suite de votre carrière.

- Votre patron•ne n’est pas votre ami•e : vous avez évidemment le droit de bien vous entendre avec, mais il est important de garder certaines barrières avec vos supérieur•e•s hiérarchiques.

- De manière plus générale, compartimentez votre vie : d’un côté, la vie privée, de l’autre, la vie pro. N’amenez pas votre moitié ou vos amis de l’extérieur systématiquement aux soirées pro, ne demandez pas conseil à vos collègues ou votre patron sur votre vie sentimentale ou vos amitiés.

- Tiens, en parlant de ça : ne picolez pas trop, voire pas du tout, aux soirées pro. Vraiment.
TOUT. TRAVAIL. MÉRITE. SALAIRE. On vous fait bosser sur un dossier en-dehors de vos heures pro ? Pourquoi pas, mais ça se monnaie. Ou alors, on décale le jour de congés. Osez le demander, y a de fortes chances pour qu’on vous dise oui. Si on vous dit non, bah c’est non pour vous aussi.

- Si un jour on vous dit que vous n’êtes pas indispensables dans votre métier, que quand vous déciderez de partir, 40 personnes postuleront pour votre poste... Bah certes, ok, mais guess what ? L’endroit dans lequel vous travaillez non plus, n’est pas indispensable. Prenez les contacts que vous pouvez prendre dans votre job du moment, faites votre travail, négociez quand vous le pouvez, et barrez-vous quand vous en avez l’occasion, si vous en avez l’envie. Votre job n’est pas votre vie, et il y a fort à croire que vous vous épanouirez aussi ailleurs.

- Être influençable et fragile n’est pas une fin en soi. Je le dis, je le répète : aller voir un•e psy peut faire un bien fou. Les CMP existent si vos revenus ne vous permettent pas de débourser 60 boules minimum par mois. Ça aura beaucoup de bénéfices dans tous les aspects de votre vie.

- Si vous êtes embauché•e, ce n’est pas une erreur de casting. Faites-vous confiance, et ce, quel que soit votre niveau d’études : vous avez été embauché•e•s, c’est pas pour rien. Votre place n’est pas remise en question chaque jour. Si on vous dit le contraire : gardez un oeil sur les annonces de job, et postulez ailleurs quand vous le souhaitez.

- Prenez soin de vous. Vraiment. Si votre cerveau va mal, votre corps vous le fera comprendre, et vous serez moins productif de toute façon.

- RENSEIGNEZ-VOUS SUR LE DROIT DU TRAVAIL. On peut tout apprendre en autodidacte ou sur le tas, mais pas ça. Ça, ça se bachote. C’est important pour vous.

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