Texte pour signalement CSA - Anti-masculiniste


Le 14 mars 2019 dans son émission 7 milliards de voisins sur RFI, Emmanuelle Bastide reçoit à l'antenne des militants masculinistes des associations de pères divorcés. La journaliste reprend leurs chiffres et statistiques censés "prouver" une prétendue injustice massive qui serait subie par des pères séparés, sans jamais questionner la véracité des dires. De ce fait, la journaliste laisse relater des situations sans aucun recul ni contradictoire, et permet d'amplifier les mésinformations dangereuses pour les mères séparées et leurs enfants.

En intro :
- "la garde des enfants est encore attribuée dans 80 % des cas aux mères". Faux.
- "résultat : quelque 2 millions d'enfants voient rarement leur père". Faux.
- "pourquoi la résidence alternée est si peu appliquée". Faux.
- "pourquoi les juges aux affaires familiales croient il d'avantage les mères". Faux.

Dans l'émission, Mme Bastide et ses invités parlent de 80 % de résidence des enfants "attribuées" aux mères. L'étude du ministère de la Justice 2013 fait état de 71 % de résidences accordées à la mère, dont 8 % par défaut, car les pères ne se prononcent pas sur leur choix.
À savoir aussi que le juge aux affaires familiales "attribue" ou tranche uniquement en cas de conflit, voire violences, cad : 10 % des situations. 80 % des parents se mettent d'accord ensembles sur le lieu de résidence de leurs enfants. Le terme "attribué" est donc faux.

L'émission fait valoir une "injustice" des hommes qui souhaitent obtenir la résidence alternée. La même étude Min Justice démontre que ceci est faux : 92 % des pères qui demandent la résidence alternée l'obtiennent, les 8 % de refus sont motivés par l'intérêt supérieur de l'enfant. Ces refus représentent 1,5 % de tous les pères qui se séparent - il ne s'agit donc pas d'une injustice massive, mais quelques pères qui ne seraient pas satisfait dans 100 % de leur demande.

Par ailleurs, des pères violents, avérés ou condamnés obtiennent aussi la résidence alternée, ce qui n'est pas du tout relevé par la journaliste. Ainsi, les juges aux affaires familiales "croient" davantage les pères, auteurs de violences, et non les mères.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/02/21/01016-20170221ARTFIG00122-violences-familiales-ces-enfants-sacrifies-par-la-justice.php

Le chiffre des "suicides des pères" est discuté sans aucune mise en contexte. Ce chiffre de "1100 pères qui se suicideraient chaque année", ou l'autre version "3 pères qui se suicideraient chaque jour suite à une séparation" - n'existe pas ! D'ailleurs, quid des mères ?
Ce chiffre, inventé de toutes pièces, est mis en avant par les militants masculinistes en miroir du très réel chiffre de "une femme tuée tous les trois jours par son (ex) conjoint". Ceci s'inscrit dans la stratégie discursive de détournement, voire, inversion, des discours féministes par les masculinistes.
La journaliste aurait dû questionner la source de cette affirmation.

Il est également question des "fausses allégations", qui n'est pas du tout contextualisé par Emanuelle Bastide. Les fausses allégations d'agressions sexuelles sur les enfants sont en réalité rarissimes, surtout lorsqu'on les met en contexte avec les situations non-signalées ou alors les faits avérés, mais plaintes classées. La journaliste aurait dû rappeler qu'il s'agit d'un épiphénomène au lieu de laisser croire qu'il s'agit d'une problématique majeure.
https://aivi.org/fr/vous-informer/parent-protecteur/2179-sap-pas-alienation-parentale-fausses-allegations-enfant-menteur-inceste-viol-violence-sexuelle.html

Les non-représentations d'enfants ont également été évoquées avec un témoin qui dit que les plaintes ne seraient jamais prises en compte. C'est faux, d'ailleurs, les mères sont sur-condamnées pour ces faits, car dans beaucoup de situations elles préfèrent écoper d'une peine de prison plutôt que de laisser l'enfant à un père agresseur, qui lui est dans une démarche de harcèlement judiciaire.
https://www.vice.com/fr/article/9kpg8e/a-quand-la-fin-du-delit-qui-condamne-les-meres

Dans l'émission les intervenants sont tous militants de longue date d'une mouvance réactionnaire et anti-divorce.
Latizeau explique tranquillement à l'antenne qu'il a harcelé juridiquement son ex femme pendant des années, il relate également des faits de violences qu'il aurait commis à l'encontre de son enfant (en les réfutant), il relate le fait qu'il a commis des violences économiques à l'encontre de son ex en refusant de vouloir régler une pension alimentaire et prestation compensatoire, car, selon lui, sa femme était fautive de vouloir prendre son autonomie.

Jean Latizeau a par ailleurs en avril 2018 dans une newsletter à ses 500 adhérants SOS Papa demandé de ficher les associations d'aide aux victimes de violences conjugales, car selon lui, ces associations établissent des "fausses attestations" anti-pères.
https://twitter.com/reseauiml/status/1012048328010489857

Philipe Guidal, administrateur du site Paternet, mais aussi de la revue royaliste Regnat, préfère vivre en martyr de la cause masculiniste dans un studio dans le très cher quartier du 6ème arrondissement à Paris plutôt que de trouver un logement pour accueillir ses 4 enfants.

Au moins l'un des témoins téléphoniques fait également parti de leur réseau de militants, il s'agit de Jean Le Bail, par ailleurs militant catholique intégriste des Veilleurs.
https://www.slate.fr/story/104433/peres-perches-residence-alternee

Par son manque de connaissances des chiffres traités dans le sujet ainsi que sur l'historique de ses invités et témoins, couplé avec une absence totale d'esprit critique et de témoignages contradictoires, Emmanuelle Bastide a contribué directement à l'amplification de mésinformations dangereuses pour les droits des mères en cours de séparation ainsi que les femmes et enfants victimes de violences machistes.

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