Après 7 ans de carrière dans l’Esport en tant que joueur semi-pro sur le jeu Team Fortress 2 et joueur professionnel sur Overwatch, je vous informe, la communauté et mes chers followers que KnOxXx raccroche sa souris.

Je passe de l’autre côté de l’écran après des années palpitantes avec une expérience internationale fournie qui m’a permis de mesurer les potentialités de l’Esport dans ce qu’il apporte de fraternité, de joie dans la compétition et l’effort. Vous savez de quoi je parle ! Je regrette simplement que ma carrière de joueur se termine sur l’échec d’un investisseur français, Eagle Gaming, qui a ruiné les espoirs d’une équipe de joueurs doués et motivés.

Il y a une semaine, le gérant, Xavier Calvi, a démissionné, laissant tout le monde sur le sable…. La structure laisse aujourd’hui les joueurs sans contrat et avec de grosses difficultés financières : nous n’avons pas été payés depuis 3 ou 4 mois et n’avons jamais touché les CP (gains de nos compétitions).
L’échec d’Eagle Gaming est tragique car ses dirigeants portaient d’espoir d’un Esport français de haut niveau. C’est ce projet français qui m’a fait revenir des US pour le lancement sur tous les réseaux sociaux et les chaines TV de l’équipe.
Aujourd’hui, je vais vous raconter mon histoire car elle est édifiante d’un échec, non pas d’une équipe et de joueurs, mais de gérants sans scrupules qui se sont amusés avec nous, espérant peut-être plus de gains, en tout cas sans aucun respect des joueurs à qui ils promettaient une belle carrière.

Chronique d’une mauvaise gestion …
J’ai signé mon contrat mi-novembre 2017 avec la société Eagle Gaming en CDD pour le poste de joueur professionnel. Il était stipulé que, dès mon retour en France, je devais signer mon contrat de travail pour entériner mon engagement. Eagle ne m’a jamais envoyé mon contrat malgré mes multiples demandes. J’ai appris depuis que Eagle Gaming n’avait jamais reçu l'agrément pour proposer ce type de CDD joueur pro Esport. C’est aussi la raison pour laquelle nous n’avons pas pu contractualiser la réception des gains (Cash prise) des compétitions et nous savons maintenant que cet argent a été utilisé pour payer nos salaires !
Dès le mois de décembre, les premiers retards de salaire ont débuté et sont devenus récurrents. J’étais tellement concentré sur la préparation de l'équipe pour la première saison des Contenders que je posais seulement la question aux dirigeants qui bottaient toujours en touche et nous invitaient à la patience… Nous leur faisions confiance !
Puis, les retards s’accumulant, le discours est devenu plus agressif, culpabilisateur, moralisateur, nous laissant entendre que c’était déjà très bien de recevoir de l’argent pour jouer… Curieuse façon de considérer les joueurs professionnels !
Nous avons été avertis en juillet que Eagle rencontrait de graves difficultés financières car certains investisseurs ne tenaient plus leurs engagements ou même s’étaient rétractés.
Fin août, on m’informe d’une future liquidation de la structure pour des raisons économiques et d’un licenciement après la finale des Contenders. L’ambiance se détériore dans l’équipe, la zizanie s’installe… Il faut saluer le courage et la force des joueurs, dans ces conditions déplorables, de rester concentré sur le jeu pour, au final, décrocher la victoire des OWC.
Début octobre, sans aucune nouvelle des investisseurs et aucune démarche de licenciement, malgré l’absence de salaire depuis plusieurs mois, j’ai décidé de prendre un avocat pour faire valoir mes droits. En bon capitaine, j’ai proposé à tous les joueurs de me rejoindre. Nous sommes aujourd’hui 9 joueurs dans une procédure aux Prud’hommes et l’inactivité de Eagle nous contraint de rompre unilatéralement notre contrat de travail afin de pouvoir continuer notre carrière professionnelle.

Je fais de cette aventure désastreuse avec Eagle le constat que, étant donné la qualité des joueurs, leur bonne volonté et leur sérieux, jamais la structure n’aurait dû connaître de difficultés financières pour payer les équipes et se développer. Dès le départ, il y a eu une instrumentalisation des joueurs, un mépris pour leur carrière et leur personne. L’Esport ne pourra pas se développer en France sans un cadre juridique sérieux qui interdise les promesses mensongères d’aventuriers.

Je n’oublierai jamais toutes ces aventures Esport, j’ai vécu des moments inoubliables lors de mes premières victoires avec Rogues ou avec l'équipe de France. J’ai pu voyager à travers le monde et y découvrir des cultures, traditions et de belles rencontres. Je tiens à remercier toute la communauté, les joueurs, les Youtuber, les commentateurs... et surtout Blizzard, sans qui, mon rêve de gosse n’aurait jamais pu exister.

Je me fais une autre idée de l’Esport et de son avenir. Avant de devenir joueur professionnel, j’étais cadre Informatique (RSI) dans un groupe d’école.
Maintenant je vais rebondir et j’ai divers projets, sur la création d’une école de l’Esport, sur la gestion d’une équipe Academy Overwatch et autres… car je veux mettre mon expérience au service des jeunes joueurs avec sérieux.

Je vous tiens informé pour la suite.

Reply · Report Post