Na__Elle

· @Na__Elle

29th Jul 2018 from TwitLonger

"Je suis une sud-coréenne d'une vingtaine d'années. Je vis seule dans un studio à Séoul, avec une grande fenêtre donnant sur une artère à 10 voies de circulation. Il y a deux nuits, vers 1 heure du matin, un policier a frappé à ma porte. Il a dit qu'il était venu voir si j'étais la victime.
Dans une vidéo filmée avec du matériel professionnel, il y avait une femme nue dont la coupe de cheveux correspondait à la mienne, dans une chambre similaire à la mienne. C'était filmé très tard le soir et de très loin mais le policier et moi-même n'avions aucun doute que c'était moi sur cette vidéo.
C'était filmé depuis le toit d'un immeuble de 5 étages* après minuit. Je vis au 21ème étage*. L'immeuble est à plus de 300m du mien. On aurait dit que quelqu'un l'avait vu depuis l'extérieur et avait appelé la police.
Je suis simplement allée au commissariat. Hier matin (moins de 12h après que le coupable fûsse attrapé), j'ai appelé la police seulement pour y découvrir qu'il avait été relâché (je ne suis même pas sûre qu'il ait été détenu). Je ne sais rien à son sujet.
Je ne comprends pas comment un homme qui a des intentions aussi perverses/malsaines a pu être relâché immédiatement. La police m'a dit que je ne saurai rien de lui.
Par dessus tout, cet homme sait exactement à quoi je ressemble et où je vis. Je ne me sens pas en sécurité, ce que j'ai mentionné à la police par téléphone. Le policier qui travaille dans le service des affaires concernant les femmes et les enfants m'a répondu "Donc qu'est-ce que vous voulez que l'on fasse ?"
Quand j'ai dit au policier que j'ai peur de sortir de l'appartement (sans parler d'y vivre), il m'a demandé si j'avais des ami(e)s à l'extérieur de la ville. Je n'arrivais pas à croire que c'était là sa réponse.
Après cet appel, j'ai pris contact avec le bureau de conciliation. Après une excuse, ils ont répété sans cesse que je pouvais demander une "montre intelligente" sur laquelle il y a un bouton directement relié au commissariat. J'ai répondu que je ne savais même pas à quoi ressemblait le coupable et que de toute façon, cela ne servirait à rien.
Quelqu'un m'a dit que c'est une nouvelle "mode" que de filmer les femmes chez elles. En Corée du Sud, les femmes sont les victimes de caméras illégales non seulement dans les lieux publics (NDLT : les "Molka") mais aussi dans leur vie privée. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est terrifiant.
La Corée du Sud est un pays où la vie privée des femmes n'est pas garantie même dans un building de plus de 20 étages.
J'avais trop peur de rester seule dans le studio, ni d'être dans ce quartier.
J'ai pris quelques affaires et je suis allée dans l'appartement d'un(e) ami(e). J'ai eu peur en attendant le taxi, même à la lumière du jour. Chaque personne qui passait m'apparaissait comme étant le coupable.
J'aurais peur toute ma vie. Mais l'aide et les encouragements de mon entourage m'ont encouragée à en parler. Cela ne peut pas se reproduire. Je ne resterai pas silencieuse. je continuerai à publier jusqu'à ce que la lumière soit faite."

Credit : https://twitter.com/mylifeisntyour1
French translation by @na__elle

*En Corée du Sud le rez-de-chaussée compte pour le 1er étage. Leur 2ème étage correspond à notre 1er étage etc, d'où le décalage.

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