Le cas Mehdi / Bandouch, parce que me taire ne sert plus à rien aujourd'hui.


Devant les (très) nombreux témoignages, je me suis beaucoup tâtée savoir s’il fallait, ou non, que je prenne la parole au sujet de ce que j’ai moi-même subi de la part de cet individu. Mais devant l’immense soulagement que j’ai pu éprouver en me rendant compte que je n’étais pas seule face à ses agissements, j’ai finalement décidé d’ouvrir ma gueule. Parce que je l’ai fermée pendant beaucoup trop longtemps !

Mehdi m’avait contactée au départ pour me parler de mes vidéos. Puis nous avons vite conversé sur des sujets divers et variés : musique, cinéma, Youtube game ect… Pour ceux qui ne le sauraient pas (encore), je suis une nana assez ouverte, et parler de sexualité ne me dérange guère lorsque c’est fait de manière respectueuse. Les discussions ont naturellement dérivé sur ce terrain, et à ce moment là ça ne m’importunait aucunement. Puis il a commencé à m’inclure dans ses fantasmes. Au début je pensais que ce n’était qu’un petit jeu sans conséquence et j’ai cru que ça s'arrêterait très vite puisque je lui avais signifié qu’il ne me plaisait pas outre mesure. Mais il a continué. C’était à base de petits noms, d’envoies de nudes sorties de nulle part, de conversations vidéo où il m’avouait à posteriori qu’il s’était masturbé devant moi sans que je le sache, de remarques déplacées alors que nous discutions de toute autre chose à la base… Des “je pense à toi, je me branle”, ou encore “je vais regarder ta dernière vidéo et imaginer ce que tu portes en dessous de tes vêtements” ; et là je vous confie les trucs les plus soft… Parce qu’il y a des choses bien pires, mais je ne souhaite pas en parler ici car il n’est pas question de faire le procès de ses goûts en matière de sexualité. Parfois j’en riais, pour dédramatiser, ou je bottais en touche, en parlant de sa copine ou bien du fait que je fréquentais l’un de ses meilleurs potes. Et lorsque c’est devenu un peu plus concret avec ce dernier, et qu’il l’a appris, il a cessé de me parler, purement et simplement.

J’aurais dû en être soulagée, mais non, car attention, il n’avait pas cessé de parler de moi, c'eût été trop beau ! A ce moment là, il a commencé à me casser du sucre sur le dos auprès de ses amis, afin de décrédibiliser ma parole. Et pour preuve, lorsque j’ai brièvement abordé le sujet des agissements de Mehdi avec l’un des amis (qui était aussi l'un des miens au passage), et bien il ne m’a pas prise au sérieux. Je ne lui en veux pas du tout, d’autant plus qu’il est venu s’en excuser quelques temps plus tard, de la manière la plus humble possible, mais ça a été très difficile pour moi de ne pas être écoutée de prime abord alors que j’éprouvais le besoin d’en parler.

Mais le plus horrible, c’est que ce procédé, Mehdi l’a répété avec bien d’autres femmes. Et je suis moi-même tombée dans le panneau lorsqu’il me parlait de telle ou telle personne, en me la présentant comme une mytho hystérique qui lui faisait du rentre dedans intempestif pour s’approcher vicieusement de ses relations au sein du NesBlog. J’ai évité ces femmes car il m’en avait dépeint un portrait peu flatteur, auquel je m’étais fiée comme la première des débutantes. Je m’en veux un peu aujourd’hui, mais dans un sens, je me dis que le comportement que j’ai adopté était humain. Débile, mais humain. En fait, ce n’était ni plus ni moins qu’une tactique pour nous isoler les unes des autres, une sorte de “diviser pour mieux régner” ; et je pense que ça a beaucoup joué dans le fait que nous nous sommes toutes terrées dans un mutisme durant ces derniers mois / années.

En outre, pendant longtemps je me suis dit que tout était de ma faute, que je n’avais pas su mettre des barrières nettes et franches, mais hier, lors du call-out de quelques jeunes femmes, j’ai été relire nos conversations et ça m’est apparu. A de nombreuses reprises j’avais affiché ma gêne, en lui demandant de me désexualiser. A de nombreuses reprises je lui avais fait part de mon refus d’avoir ce genre de relation avec lui. A de nombreuses reprises, j’avais dit “non”. Et pourtant il continuait sans cesse ses invectives salaces et graveleuses malgré ma désapprobation. Et c’est véritablement ça que je trouve immonde dans son comportement, et c’est ça que je souhaite blâmer ici : le non respect de mon consentement.

Néanmoins, je tiens à préciser que j’ai du mal à me considérer comme une “victime”, car, d’une part, je déteste que ce mot soit associé à ma personne, mais surtout, je n’ai pas été traumatisée par cet homme, contrairement à certaines autres jeunes femmes. Mais ça n’en dédouane pas moins le comportement dégueulasse qu’il a eu à mon égard, avec les dommages collatéraux intervenus dans ma vie privée (la distance prise par certains amis suite à ce qu’il leur racontait sur moi).

Si j’ai décidé de témoigner, c’est avant tout pour que vous preniez conscience qu’il n’y a jamais de fumée sans feu. Si quelqu’un se livre à vous suite à des agissements borderline d’une tierce personne, ne mettez pas en doute sa parole, et creusez un peu. Aujourd’hui, je me sens soulagée que ses agissements soient sortis de l’ombre et que la parole se libère. Si ça peut éviter à ne serait ce qu’une autre femme de tomber dans le panneau, ou bien même d’en apaiser une autre du poids du silence (comme ce fut le cas pour moi) et bien ces témoignages n’auront pas été vains !

Je tiens à remercier les personnes qui m’ont soutenue lorsque j’ai commencé à en parler en privé, mais surtout, surtout, je tiens à manifester mon soutien à toutes les autres femmes à qui cet homme a aussi manqué de respect ! Bravo aux premières qui ont eu le courage de prendre la parole, et merci à elles pour m’avoir insufflé ce désir et cette force de témoigner.

Les filles, vous gérez ! (un peu de sororité ça fait du bien bordel de mince)
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