L'affaire Madmoizelle.com


Yo les gens !
Je profite de ce chatoyant 23 mars pour faire un petit nettoyage de printemps concernant Madmoizelle.com, et plus précisément l'interview que j'y avais fait l'an dernier.
L'année dernière, aux alentours du mois d'avril (si je ne m'abuse), une journaliste de Madmoizelle m'avait abordé sur Twitter en me demandant si c'était possible de faire une interview par rapport à mon émission "Un pavé dans la mare". J'ai accepté, et on s'est rapidement retrouvées sur Skype à discuter pendant une heure, une heure et demie.
Pendant l'interview, j'ai répondu aux questions, mais je me suis aussi montrée très critique concernant le site lui-même : j'avais trouvé certains articles excellents (comme celui parlant du sikhisme), et d'autres consternants (comme l'un des "fantasmes de la rédac" où il était question de démêler les boucles d'ébène de Karim Debbache et de lui envoyer une culotte fraîchement portée). J'ai aussi souligné le fait que Madmoizelle s'acharnait sur David Chabant (alias Ganesh2) pour une de ses vidéos (supprimée depuis) depuis des mois et des mois, mais ne se privait pas de faire une rubrique qui reprenait, comme c'est étrange, le MÊME concept qu'il développait sur sa chaîne, à savoir les "Nalizes", où il était question de disséquer les comptines pour voir à quel point ça craint du cul.
L'interview se termine, pif paf pouf, et est publiée sur leur site.
Quelques jours plus tard, un certain Fab Florent vient me parler sur Facebook en me disant qu'il était venu me voir "pour causer de trucs à faire sur mad éventuellement", mais ne comprenait pas que je puisse causer avec "des mecs VRAIMENT chelous", comme, tadam, Ganesh2 et Alexis (du blog J'aime ça). Je ne savais pas, au départ, qu'il s'agissait du patron de Madmoizelle, mais dans tous les cas, je l'ai envoyé chier, en lui disant, en gros, que David et Alexis étaient des gens que je connaissais personnellement, et que je ne les considèrerais pas comme des amis si c'étaient les connards sans race que Twitter se borne à me décrire.
Fin du premier chapitre.
Un peu plus tard, j'ai dit publiquement que j'avais été censurée dans l'interview, chose qui n'a pas plu à Fab Florent. On en a discuté à trois (lui, moi, et celle qui m'avait interviewée) : en gros, je reprochais à l'interview de n'avoir conservé aucun des propos subversifs que j'avais tenu à propos du site, et de n'avoir gardé que "slt c Jinjé et jM les livr et le féminism". Fab maintenait qu'il faisait confiance en sa journaliste (et c'est une bonne chose), et disait que les propos en question étaient un peu en "off" de l'interview et que donc, ils n'avaient rien à y faire.
Bref, on est partis chacun de notre côté, fin du second chapitre.
Courant janvier, par curiosité, j'ai voulu jeter un oeil à l'interview, et je suis tombée là-dessus : http://www.madmoizelle.com/?p=267620
Il n'y a pas de souci dans l'URL ou l'affichage de votre écran : l'interview a tout bonnement disparu du site. N'ayant pas été prévenue, et n'ayant pas vérifié le site avant janvier, je ne sais pas du tout depuis quand ça date.
Je suis allée voir Fab Florent sur Facebook et lui ai demandé par MP la raison de la suppression de l'interview : le message a été lu, mais n'a jamais reçu de réponse.
Ca fait deux mois.
J'ai sorti un Pavé fin 2014 parlant de l'humour ; j'y disais notamment que j'étais amie avec des personnes qui étaient mises au ban à cause de leur humour (comme Ganesh2, on y revient), mais que je les portais dans mon coeur justement parce que j'étais allée gratter plus loin que les rumeurs conspirationnistes entendues sur Twitter (le premier réseau social de bashing global).
Fab Florent a notamment participé au dernier épisode des Tutos de Camille ; vous savez, l'émission qui commence à chaque fois par "salut bande de salopes", et cale des "tapette", "PD", "tarlouze" et "putain" toutes les trois phrases. Je n'ai entendu, ni lu personne soulever le fait que c'était un peu contradictoire d'être à la tête du premier site féministe français et d'apparaître dans une émission de ce type. Mais pourquoi ça ? Eh bien pour une raison simple : parce que ces personnes sont manifestement amies. Nul doute que la personne qui présente les Tutos n'est pas homophobe ou je ne sais quoi ; ce n'est qu'un rôle, un personnage, et l'émission n'avait pas pour but de blesser ou de stigmatiser. Mais étrangement, il est bien mieux vu pour le patron de Madmoizelle.com de faire des caméos dans ce genre d'émissions que pour moi d'être amie avec des gens constamment critiqués, et avec qui les détracteurs n'iront jamais prendre la peine de discuter.
Que l'interview ait été supprimée du site : aucun problème. Mais je n'ai eu aucune explication là-dessus, et je n'ai même pas été prévenue. Il a fallu que ce soit moi qui m'en rende compte, huit mois après sa publication, parce que j'avais eu la curiosité de jeter un oeil. Quand j'ai demandé des explications, c'est resté lettre morte.
On m'a reproché d'être contradictoire, parce que je fréquente des personnes suspectées d'être masculinistes (entre autres). Reste que mon interview a été virée du site sans AUCUNE explication, ni sans m'avoir AUCUNEMENT prévenue. Et tout ça, étrangement, après que j'ai critiqué les façons de faire de Madmoizelle, le fait qu'ils n'aient pas de ligne éditoriale (à savoir "on vous dit que le sexisme c'est nul et que le harcèlement c'est moche, mais envoyer de la cyprine par Chronopost et faire de la pub pour AdopteUnMec, c'est legit"), et surtout, après avoir dit à son rédacteur en chef que j'étais amie avec qui je voulais, et qu'il n'avait pas à venir me dire qui fréquenter ou non.
Ce qui m'amène à la conclusion suivante : Fab Florent, ou peut-être même l'équipe entière de Madmoizelle, a traité ça comme une affaire personnelle. Ce qui, du coup, est l'exact opposé d'une attitude professionnelle.
J'ai toujours pas mal lu les articles du site : je continue d'en trouver certains excellents (comme celui sur "India's daughter"), d'autres moins, et d'autres consternants. Bref, je continue de les lire.
Je n'ai pas fait ce Twitlonger pour déchaîner des trolls sur Madmoizelle, qui doit déjà en avoir un bon paquet derrière lui ; je l'ai fait parce que je doute de plus en plus de la légitimité, voire de l'objectivité, de ce site, et que je trouvais normal de partager ça avec une communauté qui m'a notamment connue grâce à l'interview en question.
Avoir une rubrique parlant des hommes et des femmes qu'on mettrait bien dans notre lit ? Ca passe. Faire la promotion d'AdopteUnMec, le site qui met les femmes dans la peau de consommatrices nymphomanes, et les hommes dans celle de produits sous-évolués ? Ca passe. Apparaître dans une émission à l'enrobage homophobe et sexiste parce que c'est des bons copains ? Ca passe. Verser dans le deux poids, deux mesures ? Ca passe. Mais laisser en ligne une interview déjà ratiboisée de tout propos subversif parce qu'il y a eu des conflits internes bénins ? Faut pas déconner, ça dégage.
Heureusement qu'ils sont #Charlie, quand même.

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