Messieurs,

Suite à une récente et regrettable décision de justice, je me vois contraint de repenser mon projet professionnel.
Jeune entrepreneur, j’ai au cours des deux dernières années mis en place une chaîne de commerces de proximité qui a connu jusque très récemment un grand succès et permis de redynamiser le tissu économique et sociale d’une ville sinistrée, en l’occurrence Montreuil sous bois (93).
Hélas, une dénonciation calomnieuse a attiré l’attention de la justice sur mes affaires. Je tiens à vous signaler que cela a déjà été le cas en 1997, 1999 et 2001, preuve si il en est que les français n’apprécient guère l’esprit d’entreprise

Désireux de faire face à ce revers de fortune et d’entamer une nouvelle carrière, je viens vers vous, messieurs, sur les conseils de Benoît Marcassin, Visiteur des Prisons et responsable de l’atelier « La Prose, antidote à la récidive ? » au quartier de sécurité renforcée de la prison de Besançon.
J’ai en effet découvert au cours de ce stage mon goût pour la chose littéraire et, j’aime à le croire, une certaine aptitude pour celle-ci. J’ai d’ailleurs été gratifié du premier prix au concours national de la nouvelle pénitentiaire avec mon conte pour enfants « Bibou et le secret des cervicales ».
Je conjugue aux plaisirs de la plume, un réel intérêt pour les jeux vidéo et l'informatique en Général. J'ai eu la joie de découvrir ce vaste domaine au milieu des années 80 dans le cadre de l'atelier "Juguler la barbarie juvénile par le GFA Basic" initié par le Professeur Simon Goîtreville dans le cadre du centre d’éducation surveillée Jules Vallès (Argenteuil).

Cette synergie entre passion de l’écriture, passion de l’artisticonuméricorécréatif et sociopathie aiguë fait de moi, j’en suis persuadé, le collaborateur longtemps désiré de votre hebdomadaire. Pourtant il ne s’agit là que de la raison principale qui motiverait mon embauche. En effet, ma longue expérience de la promiscuité sied parfaitement à l’ambiance virile mais chaleureuse d’une rédaction en période de bouclage. De plus bénéficiant du régime de semi-liberté pour les quinze prochains mois, je suis logé, nourri, blanchi par l’état français ce qui me permet d’accepter les rémunérations les plus modestes pour mes collaborations.

J’ajouterais enfin que mon goût du risque, les compétences acquises tout au long de mon parcours ainsi que mon honnêteté foncière font de moi l’interlocuteur idéal des imprimeurs et des messageries de presse et cela dés la fin de ma période de probation.

Veuillez recevoir, Messieurs, l’expression de ma potentielle bienveillance

O.B.

Numéro D’écrou 22x14-e1980-9310CG

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