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Louis Mirabel · @LMirab

25th Jun 2013 from TwitLonger

Lundi 24 juin, messieurs Ayrault et Valls sont en visite officielle à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, au Nord de Lyon. Le premier ministre doit y présider la cérémonie de fin de scolarité de la 63e promotion de commissaires de police de l'ENSP. Dès le début ça coince : des manifestants contre le mariage pour tous ont prévu de gêner le cortège des deux membres du gouvernement, ceux-ci font alors un détour considérable pour minimiser les risque de voir ces dangereux individus. Mais à l'arrivée tout semble parfait. La bourgade est propre, les gendarmes quadrillent la zone et les jeunes officiers en grand uniforme attendent les ministres au garde à vous, leurs familles émues derrières eux.

Mais en réalité il y a une faille dans ce dispositif gigantesque. Un individu. Un seul homme, qui contrairement aux autres invités ne restera pas de marbre durant tout l'après-midi : c'est le curé du village. Un homme respecté, le curé : il a droit à une page pour sa paroisse sur le site internet de la mairie, il est invité à la cérémonie de l'ENSP tous les ans et il n'est pas du genre casse pieds.

Mais ce jour là, pendant la remise des insignes, il reçoit plusieurs sms de paroissiens : des manifestants en soutien à Nicolas ont tenté d'approcher l'ENSP, du coup la gendarmerie empêche la circulation dans tout le village. Certains sont bloqués à l'intérieur de la Poste depuis plusieurs heures, tandis que tous ceux qui quittent l'église du village doivent présenter leurs papiers d'identité. Les manifestants, en fait moins d'une quinzaine, sont retenus par quelques gendarmes (http://t.co/PIeeOaPG1r).

À l'issue de la cérémonie, le prêtre se dirige donc vers le maire et le préfet et leur fait part de son indignation. L'élu s'efface alors devant le représentant du Président de la République, qui menace l'abbé :
- Si vous n'étiez pas curé, je vous aurais mis deux tartes !
La scène se déroule sous les yeux des deux principaux ministres du Gouvernement, le préfet ne peut se laisser insulter par un homme d'église.
Le curé n'en a pas fini. Malgré la violence du propos, il ne perd pas son calme et répond le plus simplement du monde :
- Vous pouvez me les mettre, c'est en citoyen que je vous parle.
Pris de colère, le préfet fait alors chasser l'abbé qui est emmené au poste.

Cette histoire n'est pas la parodie d'une scène de Don Camillo face à Peppone, elle est bien réelle. La situation pourrait prêter à rire si elle n'était pas tragique. Il nous faut aujourd'hui nous questionner sur la santé de la démocratie dans notre pays lorsque quelques individus, certes haut placés mais prétendant incarner la proximité avec le peuple, peuvent mettre en pause tout un village pour ne pas avoir affaire à des opposants pacifiques, et lorsqu'un personnage public est emmené par les forces de l'ordre car il ose remettre en cause cela ces agissements.

Le préfet en question n'est pas connu pour sa tendresse. Il n'a pas à l'être, il est préfet. Mais lorsqu'il fait disperser des manifestants pacifiquement assis devant chez lui à grands coups de matraques et de lacrymogènes, cela devient problématique. C'était dimanche dernier au soir. Il n'y avait eu aucune sommation, des enfants et des élus ont été blessés. Avant cette date, jamais les opposants au mariage homosexuel n'avaient eu de soucis avec la police à Lyon. Ce dimanche 23, quatre sont partis en garde à vue. Le dernier est sorti aujourd'hui 25 juin après une GAV allongée et devra se présenter devant un tribunal le 29 juin, parce qu'il ne pense pas comme l'Etat (http://t.co/gYE48IEg40).

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