Moossye

Marion Coville · @Moossye

19th Mar 2013 from Twitlonger

#TP Et du coup je mets mes réponses non coupées dans un TLonger notamment la partie sur les autres milieux (cc @Mar_Lard) / - Etes-vous d’accord avec ce que dit MarLard dans son article ?
Oui. Je pense d'ailleurs que l'une des qualités de ce dossier est le travail de compilation qu'il entreprend. Lorsque vous racontez une expérience vécue, plutôt que de vous écouter, on vous répond souvent que vous n'êtes qu'un cas isolé, ou que vous avez mal interprété la situation... Il y a beaucoup d'arguments mis en place pour amoindrir votre expérience. Le fait de les regrouper et d'en tirer des analyses plus générales permet justement d'éviter cet écueil. D'ailleurs, j'ai reçu par mail quelques réactions ce matin, toutes allaient dans le même sens, que l'on pourrait résumer comme suit : "j'avais conscience de ce problème à mon niveau, via mon expérience, mais je n'en savais pas plus, je ne savais pas que cela pouvait avoir une telle ampleur".

- On n’entend pas beaucoup les femmes sur ce sujet, pourquoi ?
Je crois que les réactions auxquelles MarLard fait actuellement face constitue l'une des causes majeures de ce silence. C'est une posture qui n'est pas évidente à tenir car les réactions sont vives et parfois -voire souvent- violentes.
Ce n'est qu'une interprétation personnelle, mais je dirais également que les amateurs de jeux vidéo (je parle des amateurs de jeux vidéo car c'est le domaine dont je suis le plus proche) se trouvent dans des communautés dont les loisirs ont été stigmatisés par les médias et de nombreuses paniques morales : violence, addiction, échec scolaire... J'ai l'impression qu'une solidarité s'est créé pour défendre ce loisirs face aux attaques dont il a pu être l'objet. Le problème est que, même lorsque la critique vient de l'intérieur (c'est à dire d'une joueuse, en opposition aux paniques morales, souvent caractérisés par une ignorance sur le sujet traité, où le jeu vidéo est le loisir "des autres") et que cette critique est construite et référencée, les réactions sont les mêmes, et l’émetteur de la critique me semble vite être considéré comme un "traître à la cause". Cette réaction violente me semble encore plus vive dès qu'une critique a des liens avec les études féministes et/ou les études de genre, finalement encore peu acceptées en France et représentées de manière négative et stéréotypique.

- Ce sexisme est-il particulier à l’univers des geeks ? Ou plus exacerbé dans ce milieu ?
Comme MarLard le précise au début de son article, si elle parle de ce domaine, c'est aussi car elle le connait et qu'elle fréquente ces communautés. Il ne nous viendrait pas à l'idée de parler d'un univers que nous n'avons jamais expérimenté et que nous ne connaissons que de très loin. Encore une fois, la critique qu'elle émet vient finalement "de l'intérieur" : c'est un domaine, une culture qui fait partie de nos vies quotidiennes, de nos loisirs... Et c'est bien cet attachement à cette culture qui fait que nous avons envie de la voir évoluer. Je pense que l'on peut parler du sexisme (et pas seulement, n'oublions pas les autres discriminations comme le racisme ou l'homophobie ou les discriminations par rapport à la classe sociale par exemple) dans de nombreux domaines. Cela me rappelle par exemple le rapport édifiant de Reine Pratt sur le monde du spectacle vivant et ses systèmes de filtres pour l'accès aux postes de responsabilités et pour conserver un "entre soi".

- Usul (sur qui j’ai écrit un article l’année dernière http://www.lesinrocks.com/2012/09/11/medias/3615-usul-nouvelle-star-critique-jeu-video-11299984/) prend lui aussi position. Est-ce une exception ou y-a-t-il des garçons qui ont eux aussi dénoncé ce sexisme ?
Heureusement, ils existent ;) (Parfois ils sont plus écoutés, parfois ils subissent les mêmes réactions.) Et d'un autre côté, MarLard vous le confirmera, toutes les réactions violentes et insultes dont elle fait l'objet ne sont pas toujours émises par des hommes.
Dans ce débat, il me semble qu'il ne faut pas non plus imaginer que toutes les femmes sont d'un côté et que tous les hommes sont de l'autre, il ne s'agit pas d'une bataille rangée entre deux sexes. Au niveau du soutien, je crois que MarLard en reçoit de la part d'hommes comme de femmes, tout comme, au niveau de l'université, les chercheuses comme les chercheurs se penchent sur cette question (lors du colloque de trois jours Genre et jeux vidéo, je crois me souvenir qu'il y avait autant d'homme que de femmes, je pense par exemple à Bernard Perron, qui a fait une intervention passionnante d'une heure sur les héroïnes de survival horror).

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